Le laboratoire d’études des œuvres par les méthodes scientifiques (LABART, UCLouvain)

Louvain, c. 1960 - Louvain-la-Neuve, 2019

Par : Gérard de Wallens

Publié le : 07 octobre 2025

Éléments biographiques

1960Création probablement informelle, selon un rapport d'activité rédigé en 1969
1961Création probablement informelle, citée dans les rapports d'activité de 1973, 1974 et 1975
1965Première mention officielle dans le dossier de nomination de Roger Van Schoute
1968Deuxième mention attestant de l'existence administrative
1969Mention de l'engagement d'un assistant au LABART dans un rapport d'activité
2019Fermeture définitive

Présentation analytique

Prolégomènes

Le Laboratoire d’études des œuvres d’art par les méthodes scientifiques[1], créé par Roger Van Schoute (1930-2017), a été pionnier en cette matière dans le monde universitaire belge. Curieusement, sa naissance ne pouvait plus être située depuis longtemps que par une phrase peu précise : « […] au début des années soixante »[2]. Le peu de littérature existant ne permet pas de préciser une fourchette chronologique plus restreinte. L’origine du Laboratoire est rarement évoquée et moins encore sa date de création. Il n’est pas mentionné dans l’Annuaire de l’Université entre 1959 et 1963 et il n’existe plus de mention de la composition des facultés, départements et unités entre 1964 et 1966[3]. Néanmoins, plusieurs jalons permettent de comprendre cette naissance dont l’année n’a pas été notée avec précision.

Curieusement, selon Johan R. J. van Asperen de Boer (Université d’Amsterdam), « l’examen scientifique des œuvres d’art n’existait pas […] » en Belgique en 1961, lorsqu’il séjourne à l’Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA) pour réaliser sa thèse mineure en physique expérimentale : « [On parlait] d’histoire des sciences naturelles »[4].

En réalité, dans les faits, ce genre de recherche appliquée à la compréhension d’une peinture de chevalet existe en Belgique depuis longtemps. Il me semble devoir comprendre dans ce propos que la recherche n’était pas organisée systématiquement et que la discipline ne portait pas encore réellement de nom en Belgique et aux Pays-Bas.
Leo Van Puyvelde (1882-1965) fait la première communication sur un sujet de cette nature en 1930, à Bruxelles, au Congrès International d’Histoire de l’Art, à propos de la radiographie[5]. En Belgique, Jacques Lavalleye (1900-1974) attribue la paternité de cette nouvelle façon d’envisager l’étude d’une œuvre à Paul Coremans (1908-1965, IRPA – à partir de 1957). Il est le premier à réunir histoire de l’art et examens de laboratoire[6] grâce à Jean Capart (1877-1947), conservateur en chef des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (MRAH), qui le charge en 1934 de créer un « Laboratoire de recherche physicochimique »[7], embryon de l’actuel IRPA. Son premier article sur la fluorescence d’ultraviolets paraît en 1936[8]. Sept ans plus tard, il rédige une courte synthèse des méthodes en vigueur, expliquant tout leur intérêt pour l’étude des œuvres d’art. P. Coremans conclut en formulant le vœu « d’une collaboration étroite et constante entre les chercheurs d’universités et de musées, historiens d’art, archéologues et physico-chimistes »[9] et, ce faisant, jette les fondations des cours de ce type. Il est aussi à l’origine, en 1953, de la première publication belge d’envergure internationale faisant référence à l’étude d’une œuvre dans un laboratoire à propos de l’Agneau mystique. Le retable a fait l’objet d’examens et d’une étude approfondie à l’IRPA lors de sa restauration[10]. Cet ouvrage a été une référence importante jusqu’à la publication en 2020 et 2021 des résultats des recherches préalables et de la restauration du retable entreprise entre 2012 et 2019[11].
L’affirmation de J. R. J. van Asperen de Boer ne peut donc être prise au pied de la lettre pour ces raisons, et parce qu’il vient justement à l’IRPA dans le cadre de ses recherches[12], qui conduisent à la naissance de la réflectographie dans l’infrarouge en 1970[13].

En 1954, Joseph Philippe (1919-2006, conservateur des Musées Curtius et d’Ansembourg, à Liège) souligne les lacunes dans l’enseignement universitaire de ces matières relevées par P. Coremans et l’importance pour « les jeunes historiens d’art [de se familiariser] pendant leurs études, […] avec la connaissance technique de ces œuvres ». Il espère l’amélioration de la formation des étudiants de l’Université de Liège et propose la création d’une bourse soutenue par les Musées, la ville et l’Université de Liège destinée à mieux former les futurs conservateurs[14].
En 2025, il est toujours nécessaire d’insister sur cette indispensable réalité en histoire de l’art, en Belgique et particulièrement dans le monde universitaire français. Les laboratoires dédiés sont peu nombreux, mais de qualité, tandis que les historiens de l’art ne sont pas suffisamment formés.
Parallèlement, très rapidement, les musées et les archéologues ont compris tout le bénéfice que cette approche permet, particulièrement depuis 1981[15]. Cette communauté scientifique compte à présent parmi les meilleurs laboratoires utiles à la compréhension de l’archéologie et de la préhistoire aussi bien en France qu’en Belgique (pour ce dernier pays : UAntwerpen, UCLouvain, UGent, ULB et ULiège).

L’archéométrie est née en 1955 en tant que discipline par la création du Research Laboratory for Archaeology and History of Art[16], dont Christopher Hawkes (Université d’Oxford) est l’un des pères fondateurs et l’inventeur du terme « archaeometry » en 1958 avec la première publication du Journal of Archaeometry (devenu aujourd’hui Archaeometry[17]).

Naissance du « Laboratoire d’étude des œuvres d’art par les méthodes scientifiques ».

En Belgique, à la même époque, cette nouvelle discipline scientifique de l’histoire de l’art n’est pas encore formalisée, mais son enseignement est créé l’année suivante. En effet, J. Lavalleye, très probablement inspiré par Chr. Hawkes et partageant l’avis de J. Philippe, créée le cours de licence bisannuel[18] de « Méthodes de laboratoire » [appliquées à l’histoire de l’art] en 1959 à l’Université catholique de Louvain, au sein de l’Institut d’histoire de l’art et d’archéologie[19].
J. Lavalleye est déchargé de ce cours en 1961[20] au profit de R. Van Schoute, son assistant depuis 1957. Il en était le suppléant depuis l’année académique 1959-1960[21]. R. Van Schoute est nommé « chargé de cours » en 1961 pour donner le cours de « Technologie des arts plastiques »[22]. Il occupe toujours ce poste en 1963[23] et n’est donc pas en position hiérarchique de créer un laboratoire. Cependant, rien ne l’empêche de lui donner une existence informelle, comme nous le verrons ci-dessous.

Les Archives de l’Université catholique de Louvain (UCLouvain et KU Leuven) ne conservent pas de rapports d’activité du LABART antérieurs à 1969. Il faut probablement voir là le résultat de la décision de la séparation prise en 1968 et l’absence de document officiel antérieur portant création du laboratoire. En règle générale, les archives sont peu fournies, avant 1966, en documents relatifs aux « unités » composant les facultés. Le déménagement ne se traduit dans les faits qu’en 1979 pour toute la Faculté de philosophie et lettres (actuellement Faculté de philosophie, arts et lettres), par l’emménagement dans le collège Erasme nouvellement construit à Louvain-La-Neuve (place Blaise Pascal)[24].

Les rapports d’activité des unités, lorsqu’ils existent, sont envoyés au Service de la programmation de la politique scientifique (rue de la Science, 8), actuel Belspo, pour « l’évaluation du potentiel scientifique du pays ». Malencontreusement, ils ne sont pas ou plus conservés dans les archives, ni dans celles des Archives générales du Royaume (AGR). Il faudrait, pour que cela soit le cas, que le « Service de programmation » ait participé au financement du LABART, « ce qui constituerait l’exception par rapport à la politique de l’époque »[25].

Néanmoins, quelques documents permettent de situer l’année de naissance du laboratoire.
La première mention, très laconique, du LABART apparaît dans le dossier de nomination de R. Van Schoute au grade de Professeur en 1965, sous la rubrique « autres activités » (différentes de l’enseignement) : « mise sur pied d’un laboratoire destiné à l’étude scientifique des œuvres d’art (principalement par les méthodes physiques), en cours d’exécution, installation différée jusqu’il y a peu »[26]. Le Laboratoire n’existe donc pas encore institutionnellement, mais il est en projet et pourrait fonctionner de façon informelle, si l’on veut bien lire entre les lignes.

La première véritable indication de l’existence administrative du Laboratoire est attestée le 5 septembre 1968 par l’obtention d’un crédit de 200.000 BEF (50 000 €) pour l’achat « d’un appareil de radiographie destiné à l’étude des œuvres d’art par des procédés scientifiques »[27]. Il « remplace un autre appareil dangereux, impropre et vétuste – probablement le plus ancien en usage à l’Université – […] acheté jadis d’occasion » par R. Van Schoute lui-même. Nous voyons là un indice du fonctionnement informel du laboratoire avant 1968. Il en profite pour insister auprès de Mgr Édouard Massaux pour rappeler que « l’utilisation des radiographies et en général des méthodes de laboratoire donne à l’histoire de l’art des certitudes auxquelles cette science ne pouvait pas prétendre auparavant, c’est pour cette raison sans doute que les étudiants s’y intéressent beaucoup »[28].

Le 26 juin 1969, Mgr Massaux annonce l’accord du Bureau du Conseil académique pour l’engagement « d’un assistant pour le laboratoire d’études scientifiques des œuvres d’art »[29]. R. Van Schoute, dans sa lettre de remerciement, fait allusion au caractère pionnier du laboratoire et à la possibilité que ce poste d’assistant dédié « permettra de développer une discipline qui n’est pas encore pratiquée dans les autres universités de notre pays ». Il fait aussi allusion à la charge de travail que représente « le grand nombre de mémoires à diriger et d’exercices à corriger »[30] (cette réalité est inchangée aujourd’hui et largement amplifiée par l’augmentation des étudiants qui n’a jamais été suivie dans la même proportion par la création de postes de professeurs).
Le document formalisant la création du laboratoire n’a pu être retrouvé, mais ces deux documents indiquent qu’il existe administrativement avec certitude depuis 1968. Le dossier de R. Van Schoute et l’échange de correspondance permettent également de comprendre qu’il a une « consistance » scientifique au minimum depuis 1965.

Davantage de précisions sont fournies par une mention dans le rapport d’activité du LABART rédigé en 1969 : « Année de création (le cas échéant date approximative ou bref historique) : 1960 ». Le laboratoire est indiqué au numéro 83 de la Vlamingstraat, à Leuven. Les activités sont : « Enseignement et travaux pratiques et recherches scientifiques sur les œuvres d’art, notamment la peinture »[31].

Ceux qui ont bien connu R. Van Schoute savent que le fonctionnement avec des moyens limités, dans une temporalité imprécise, dans l’objectif de démontrer que le projet est utile et viable, « sans se laisser freiner par l’administration »[32], est un mode de pensée qui ne lui était pas étranger. Il ne me paraît donc pas improbable que l’idée, ainsi que les premiers éléments naissent en 1960, puis prennent une forme plus structurée entre 1960 et 1965 et une réalité administrative en 1968. Cela pourrait expliquer la caractère vague de l’expression : « le début des années soixante » dont il est question au début de cet article.

Le rapport de 1971 donne des précisions plus fines qu’en 1969[33] à propos de son fonctionnement et des réalités pédagogiques : 48 mémoires sont en cours, ainsi que 11 doctorats[34]. À titre d’exemple qui a pu être documenté, le sujet du doctorat de Muriel Lietard-Parmentier est : La radiographie dans l’étude des œuvres d’art. Cette thèse est défendue en 1977, après avoir considérablement évolué pour devenir : Analyses physico-chimiques de verres anciens. Ier – XVIIIe siècles. Détermination de critères chronologiques et géographiques[35].

Un commentaire, figurant dans ce rapport, permet de prendre la mesure d’une réalité, qui doit être ancienne, toujours actuelle, non résolue par l’informatisation et la numérisation : « étant donné les particularités de cet enseignement, un temps considérable est consacré au choix, à l’identification et à la sélection des diapositives pour les cours »[36]. Le choix de l’iconographie pour la préparation d’un nouveau cours m’occupe encore aujourd’hui dans une proportion inchangée par rapport aux années 90 (époque des confections et emprunts de diapositives), qui m’impressionne toujours, d’environ 20 h – parfois davantage – pour un cours de 2 h. Cette précision est complétée dix pages plus loin, par une autre réalité qui n’a pas pris une ride : « La ventilation du temps des personnes en pourcentage n’a de véritable sens que si l’on tient compte du nombre absolu d’heures consacrées (y compris les soirées et week-ends) »[37].

Les rapports d’activités pour les années 1973, 1974, 1975 mentionnent 1961 comme année de création. Il faut ensuite attendre le rapport de 1981 pour trouver une nouvelle allusion à la date de création du LABART, déclaré en activité depuis « près de 20 ans »Les rapports d’activités pour les années 1973, 1974, 1975 mentionnent 1961 comme année de création. Il faut ensuite attendre le rapport de 1981 pour trouver une nouvelle allusion à la date de création du LABART, déclaré en activité depuis « près de 20 ans »[38].

Il n’est pas fait mention avant le rapport de 1980 de la création en 1977, au sein du LABART, « d’un atelier de restauration ouvert depuis trois ans à titre expérimental pour donner à des candidats restaurateurs « une première formation »[39]. Son objectif pédagogique est clairement défini l’année suivante : « Formation de restaurateurs de peinture de chevalet. Cycle de deux années comprenant une partie pratique (nettoyage des tableaux, fixations, retouches) et une partie théorique (méthodes de laboratoire, technologie des peintures, théorie et histoire de la restauration, déontologie)[40].

Les premiers membres du laboratoire
En 1969, dix personnes sont membres du laboratoire, dont sept doctorants[41] :

NomPosteTaux d’occupationSexeAnnée de naissanceDiplôme
Van Schoute R.Professeur ordinaireUCL 100 %M1930Doctorat
Pirard-Schrutteten MJ.[42]AssistanteUCL 100 %F1940Licence
Lietard-Parmentier M.[43]AssistanteF1945Licence
Matthys A.DoctorantM1944Licence
Oostens-Wittamer Y.DoctoranteF1938Licence
Le Bailly de Tilleghem S.DoctorantM1945Licence
Martinez de La Pena D.DoctoranteF1932Licence
Secret S.DoctoranteF1944Licence
Palm – de Spot E.DoctoranteF1943Licence
Araki S.DoctoranteF1941Licence

 

Evolution de l’appellation officielle

Le premier nom officiel apparaît en 1969 : « Laboratoire d’étude des œuvres d’art par les méthodes scientifiques »[44]. « LAB·ART », le premier acronyme, avec un point médian, suit en 1971. Dans les deux cas l’adresse est : de Beriotstraat, 34, à Leuven. En 1976, il devient « ART », l’adresse est inchangée.
« LABART » (sans le point médian) apparaît dans les années 1990 dans la communication et les relations institutionnelles. Dans la pratique courante et les publications, il est continuellement fait usage de l’appellation d’origine : « Laboratoire d’étude des œuvres d’art par les méthodes scientifiques »[45].
En 1998, le site web de l’UCL consacre quelques pages au Laboratoire, sans qu’il soit possible de dater avec précision la première publication qui ne peut être antérieure à 1993, année de la création du World Wide Web par Robert Cailliau (CERN, 1955, belge) et Tim Berners-Lee (CERN, 1947, anglais). Mike Sendall (CERN, 1939-1999, anglais), leur directeur, est le grand oublié de cette naissance, parce que sans son intuition, les deux chercheurs n’auraient jamais pu continuer à travailler sur le projet, difficilement compréhensible, qu’ils lui soumettent pour la première fois en 1989. Percevant bien quelque chose de totalement nouveau, il apostille sobrement les quelques feuilles : Vague mais passionnant. Et maintenant ?[46].

R. Van Schoute a été un pionnier, mais ne voyait pas d’un bon œil l’émergence de l’informatique et moins encore celle d’internet[47]. La création du Web en 1993 et mes souvenirs personnels me font penser que ces pages ne devraient pas être très antérieures à 1998. À sa décharge, nous n’étions pas nombreux à n’avoir aucun doute quant au développement de cette nouveauté, même s’il était impossible, d’en prévoir les modalités, l’ampleur et le temps nécessaire dans la société et plus encore dans notre discipline, alors très en retard informatiquement[48].

Postérité

Le développement de cette approche de l’étude des œuvres d’art en Belgique trouve certainement son origine dans les travaux et les cours de P. Coremans, Chr. Hawkes ainsi que de J. Lavalleye et R. Van Schoute.
On sait combien ce genre de cours est à présent répandu dans le monde occidental. Pour sa part, le LABART a ouvert la route dans le monde universitaire belge, tous réseaux et rôle linguistique confondus, sans qu’il soit possible d’en mesurer le rôle avec précision. Il faut aussi inclure dans cette émergence le développement dans le monde anglo-saxon de la Technical Art History, sans oublier les trois piliers de l’innovation dans cette discipline : l’IRPA à Bruxelles, le Laboratoire de recherche des musées de France à Paris (fusionné le 1er janvier 1999 avec le Service de restauration des musées de France pour devenir le Centre de recherche et de restauration des musées de France, C2RMF) et l’Istituto Centrale per il Restauro à Rome.

Il ne semble pas qu’un lien formel existe à l’origine de la fondation par Catheline Perier D’Ieteren en 1989 du Centre de recherches et d’études technologiques des arts plastiques[49]. Il en est de même à l’Université de Liège. Les professeurs Dominique Allart et Patrick Hoffsummer fondent en 2003 le Laboratoire européen d’Archéométrie. Ces deux structures produisent aujourd’hui encore une recherche de qualité.
Ce lien existe clairement en Espagne. Carmen Garido, chef du Cabinet de documentation technique du Prado, qu’elle a fondé en 1982 et dirigé jusqu’en 2012, m’a dit en 2017, à l’occasion du décès de R. Van Schoute, qu’elle le considérait « comme son père professionnel »[50].
Actuellement, ce qui est devenu une discipline est enseigné en Belgique, dans une forme et des objectifs comparables, à l’Université libre de Bruxelles, à l’Université de Liège, ainsi qu’à celles d’Anvers et Gand. L’UCLouvain semble à présent avoir opté pour une forme différente, mais dont l’objectif est toujours celui des trois fondateurs de la discipline en Belgique.

L’action du LABART a contribué pour beaucoup à la diffusion de la réflectographie dans l’infrarouge[51] appliquée à l’étude du dessin sous-jacent de la peinture de chevalet du XVe siècle, puis des siècles suivants. À cet effet, R. Van Schoute, Maurits Smeyers (KUL, 1937-1999) et J. R. J. van Asperen de Boer (Université d’Amsterdam) créent en 1975 le colloque bisannuel Le dessin sous-jacent dans la peinture. La réunion scientifique universitaire des deux premières sessions est devenue, depuis lors, un colloque international de haut niveau (bisannuel, puis trisannuel). Il rassemble les spécialistes internationaux de la réflectographie dans l’infrarouge. La 23e édition s’est tenue en 2024 à l’IRPA.

Enfin, le LABART a permis la formation de plusieurs générations d’historiens de l’art, d’archéologues et de musicologues à une discipline qui envisage l’œuvre dans sa globalité, sans a priori, sans conception théorique ou idéologique, mais en dressant autour de l’œuvre un faisceau d’indices, faisant appel à tous les modes d’investigation : matériel, stylistique, esthétique, philosophique, historique, sociaux, sciences dites auxiliaires, etc.
Cette façon d’envisager de l’histoire de l’art donne une grande rigueur à l’étude fondée sur des éléments objectivables. C’était aussi le souhait de P. Coremans qui à partir de 1963 propose à l’IRPA, durant quelques années, une formation théorique et pratique à l’examen scientifique des œuvres[52].

R. Van Schoute accède à l’éméritat en 1995, Hélène Verougstraete lui succède jusqu’à son propre éméritat en 2009. Le LABART ferme définitivement ses portes en janvier 2019, après le départ à la retraite de Jacqueline Couvert (historienne de l’art et chimiste), dernière responsable de la structure et ancienne collaboratrice des deux professeurs.

 

Gérard de Wallens

 

Remerciements
Je remercie particulièrement Mesdames Cathy Schoukens, archiviste, pour l’aide précieuse et ses judicieux conseils qu’elle m’a apportés dans ma recherche de documents administratifs, ainsi qu’Inès Sanchez Cienfuego, doctorante INCAL dont le sujet de recherche porte sur l’enseignement universitaire de l’Histoire de l’Art et de l’Archéologie en Belgique, ainsi que Jacqueline Couvert, dernière responsable scientifique du LABART. Ma reconnaissance va aussi à Dominique et Béatrice Lestienne (ARKE 1994) pour leur soutien logistique, ainsi qu’à Joëlle Bertrand, Communication, Politique Scientifique Fédérale (échange d’emails le 07/06/2024), le Front desk des Archives générales du Royaume, Monique Van Schoute (épouse) et Bénédicte Van Schoute, restauratrice de peintures (l’une des quatre enfants du Pr Van Schoute); Bruno Vandermeulen et Kat Craps, bibliothécaires, Bibliotheek et Universiteitsarchief Katholieke Universiteit Leuven.

[1] Par commodité, nous utiliserons le dernier nom du laboratoire, dont nous verrons l’évolution.
[2] Conversation de l’auteur avec le Pr Roger Van Schoute en 2003.
[3] Exemplaires conservés au Service des Archives de l’UCLouvain.
[4] J. R. J. van Asperen de Boer, Allocution à l’occasion de sa promotion au doctorat honoris causa, La Revue des Archéologues et Historiens d’Art de Louvain, Louvain-La-Neuve, 1997, p. XVII.
[5] L. Van Puyvelde, L’examen scientifique des tableaux au moyen des rayons X, in Congrès International d’Histoire de l’Art, actes de colloque (Bruxelles 20-29 septembre 1930), Bruxelles, 1930.
[6] J. Lavalleye, La conception de l’Histoire de la peinture en Belgique depuis le début du XXe siècle, Revue belge d’archéologie et d’histoire de l’art 27, Bruxelles, 1968, p. 97.
[7] L’histoire de l’IRPA, in Institut royal du Patrimoine artistique, en ligne, https://www.kikirpa.be/fr/histoire vérifié le 31/12/2024.
[8] P. Coremans, Les rayons ultra-violets : leur nature, leurs applications en technique muséographique, Bulletin des Musées royaux d’Art et d’Histoire 3, VIII, Bruxelles, 1936, p. 50-55.
[9] P. Coremans, Les méthodes d’investigation scientifique des œuvres d’art, Apollo Chronique des Beaux-Arts 18, Bruxelles, 1943, p. 16.
[10] P. Coremans(dir.), Les primitifs flamands, III. Contributions à l’histoire des primitifs flamands, 2. L’Agneau mystique au Laboratoire, Anvers, 1953.
[11] B. Fransen & C. Stroo (dirs.), The Ghent Altarpiece. Research and Conservation of the Exterior, Bruxelles, IRPA, 2020; G. Steyaert, M. Postec, J. Sanyova & H. Dubois (dirs.), The Ghent Altarpiece Research and Conservation of the Interior : The Lower Register, Bruxelles, IRPA, 2021.
[12] Communication orale en 1997, avec J.R.J. van Asperen de Boer, à Louvain-La-Neuve.
[13] J. R. J. van Asperen de Boer, Infrared reflectography. A contribution to the Examination of Earlier Eurpean Paintings, thèse de doctorat, Université d’Amsterdam, Central Research Laboratory for Objects of Art and Science, 1970.
[14] J. Philippe, L’Agneau Mystique au laboratoire. Examen et traitement, sous la direction de Paul Coremans, Revue belge de philologie et d’histoire 32, fasc. 2-3, Bruxelles, 1954. p. 659-660. [version en ligne consultée le 24/12/2024].
[15] J. S. Olin (dir.), Introduction, in Futures directions in Archeometry, a round table, Discussion held in conjunction with the 21st Archaeometry Symposium held at Brookhaven National Laboratory, actes de colloque (Washington DC, 18-22 Mai 1981), Washington DC, 1982, p. 19.
[16] Archaeometry, University of Oxford, School of Archeology, en ligne. https://www.arch.ox.ac.uk/archaeometry. Consulté le 15/06/2024.
[17] Archaeometry, Wiley Online Library, en ligne. https://onlinelibrary.wiley.com/journal/14754754. Consulté le 15/06/2024.
[18] Troisième et quatrième années d’études du diplôme qui en comprenait quatre.
[19] T. Hackens & R. Brulet (éds.), Le Département d’Archéologie et d’Histoire de l’art de l’Université Catholique de Louvain. Cinquantième anniversaire (Louvain-La-Neuve, 25-26 avril 1997), Louvain-La-Neuve, 1997, p. 106.
[20] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), Dossier du Pr J. Lavalleye, lettre du 5 septembre 1961.
[21] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), Dossier du Pr R. Van Schoute, lettre du 17 août 1959.
[22] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), Dossier du Pr R. Van Schoute, lettre du 1er août 1961.
[23] Il signe avec ce titre : R. Van Schoute, La Chapelle royale de Grenade, in Les primitifs flamands. Corpus de la peinture des anciens Pays-Bas méridionaux au quinzième siècle I, 6, Bruxelles, 1963, p. de titre.
[24] Adresse administrative et accès : 53 rue Cardinal Mercier, où la plaque d’identification existe toujours.
[25] Échanges d’emails le 07 juin 2024, avec Belspo et les Archives générales du Royaume.
[26] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), Dossier du Pr R. Van Schoute, Formulaire de proposition n° 65-66/B/3.01/22 et lettre du 19 juillet 1965.
[27] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), Dossier du Pr R. Van Schoute, Lettre du 5 septembre 1968 de Mgr Massaux, Prorecteur, au nom du Bureau du Conseil académique.
[28] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), Dossier du Pr R. Van Schoute, Lettre du 7 septembre 1968 à Mgr Massaux, Prorecteur.
[29] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), Dossier du Pr R. Van Schoute, Lettre du 26 juin 1969 de Mgr Massaux, Recteur.
[30] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), Dossier du Pr R. Van Schoute, Lettre du 1er juillet 1969 à Mgr Massaux, Recteur.
[31] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), D (45.18.15) Art – Van Schoute.
[32] R. Van Schoute, lors d’une conversation avec l’auteur de cet article.
[33] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), D (45.18.15) Art – Van Schoute.
[34] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), D (45.18.15) Art – Van Schoute, p. 7.
[35] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), D (45.18.15) Art – Van Schoute.
[36] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), D (45.18.15) Art – Van Schoute, p. 5.
[37] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), D (45.18.15) Art – Van Schoute, p. 15.
[38] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), D (45.18.15) Art – Van Schoute, p. 15
[39] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), D (45.18.15) Art – Van Schoute, p. 6.3. Phrase qui est copiée mot pour mot dans le rapport de l’année suivante.
[40] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), D (45.18.15) Art – Van Schoute, f° 6.
[41] R. Van Schoute était partisan du « d » final en souvenir de la racine latine.
[42] Marie-Josée (thèse défendue en 1973).
[43] Muriel (thèse défendue en 1973).
[44] Archives UCLouvain (AUCL, BE A4006), D (45.18.15) Art – Van Schoute.
[45] Souvenirs personnels.
[46] Courrier du CERN 39, n° 7, septembre 1999, p. 42.
[47] Conversations fréquentes à ce sujet de l’auteur avec Roger Van Schoute.
[48] Voir à ce sujet deux publications qui, pour la première, traduit clairement la réalité jusqu’en 1996, tandis que la seconde fait le point précis de la situation en 1992 et ouvre les perspectives : J. Thuillier, Histoire de l’Art et moyens informatiques, Paris, 1983-1996; J. Thuillier, Histoire de l’Art et moyens informatiques : où en sommes-nous ?, in Revue de l’Art 97, Paris, 1992, p. 5-10.
[49] C. Perier- d’Ieteren, Le Centre de recherches et d’études technologiques des arts plastiques, in N. Gesché-Koning & L. Bavay (éds.), Les Musées de l’ULB, l’Université libre de Bruxelles et son patrimoine culturel, Bruxelles, 2009, p. 28-39; N. Gesché-Koning, Catheline Périer-d’Ieteren et le Centre de recherches et d’études technologiques des arts plastiques. Une vie dédiée à l’approche globale des œuvres d’art et à leur sauvegarde, in N. Gesché-Koning, V. Henderiks, F. Rosier & S. Zdanov (éds), Catheline Périer-D’Ieteren. Étudier, enseigner et préserver l’œuvre d’art, Bruxelles, Editechnart, 2016, p. 19-33 et Centre de Recherches et d’Études technologiques des Arts plastiques, Réseau des Musées de l’ULB, 30 avril 2025, en ligne. https://musees.ulb.be/fr/crea-patrimoine. Consulté le 31/12/2024.
[50] Communication téléphonique en mai 2017.
[51] Méthode d’examen créée par Johan Rudolph Justus van Asperen de Boer (1935-2020), en 1970 à l’Université d’Amsterdam.
[52] P. Coremans, Un enseignement théorique et pratique sur l’examen scientifique et la conservation des biens culturels, Bulletin de l’institut royal du patrimoine artistique 5, Bruxelles, 1963, p. 80-85.